Polyeucte
Mise en scène : Ulysse Di Gregorio
Scénographie et Lumière : Benjamin Gabrié
Costumes : Salvadore Mateu Andujar
Assistant dramaturge : Benoît Clair
Photographie : Franck Ferville

LA PIECE

Dans une Arménie soumise à la Rome impériale, un jeune seigneur, Polyeucte, époux de la fille du gouverneur, se fait baptiser en secret à l’instigation de Néarque, son ami chrétien. Prié d’assister peu après à un sacrifice qui célèbre le retour d’un général romain, il perturbe le rituel en proclamant sa foi et entreprend de briser les statues du culte païen.

Ni les prières de son épouse, ni les supplications de son beau-père ne lui feront renier son acte. Quand Corneille, dans le courant de l’hiver 1642-1643, porte sa tragédie à la scène, la singularité de son Polyeucte martyr – qui reprend l’histoire d’un saint authentique et s’inspire discrètement d’une pièce italienne – est d’associer la figure du chrétien et celle du héros de tragédie.

«Si mourir pour son prince est un illustre sort, / Quand on meurt pour son Dieu, quelle sera la mort ?» Le martyre est ainsi une forme d’héroïsme.

Mais la violence iconoclaste de Polyeucte est-elle d’un chrétien ou bien plutôt d’un fanatique comme le pensait Voltaire ? C’est peut-être de ce fanatisme que la pièce, aujourd’hui, tire son actualité.

NOTE D’INTENTION DU METTEUR EN SCENE

Quel écho peut trouver à notre époque le martyr d’un seigneur arménien du IIIème siècle qui se dresse seul, au nom d’un Dieu unique, contre l’ordre religieux et politique de l’Empire romain, fondé sur le polythéisme ?

Comment comprendre, partager ou admirer l’exaltation d’un personnage qui décide de tout sacrifier : amour, carrière, honneurs, et jusqu’à sa vie pour un Dieu qui vient à peine de se révéler à lui ?
Dont l’enthousiasme iconoclaste et le propos vengeur ont toutes les apparences de la démesure ?

On peut penser que le Polyeucte de Corneille, « tragédie chrétienne » qui présente les principes d’une dévotion inspirée par la Contre-Réforme et d’une religion qui serait bientôt au fondement de la monarchie de droit divin, est relativement étranger à l’esprit de notre siècle – en particulier dans notre pays, où l’Etat a définitivement divorcé du religieux.

Je crois pourtant que, derrière les apparences de l’excès et du fanatisme, Polyeucte, ce « sacrilège impie », incarne par sa révolte des vertus morales qui peuvent placer notre époque sous un jour critique.

Par sa conversion, par son acte violent et flamboyant, par son sacrifice enfin, il propose, au nom de la seule vérité, un héroïsme saint qui convertit les esprits et transforme l’ordonnancement politique du monde. Or, notre siècle n’a-t-il pas lui aussi ses idoles familières, qu’une police morale a dressées pour le culte, et devant lesquelles on se prosterne avec l’aveuglement de l’habitude?

Polyeucte ne saurait pour autant se résumer à sa dimension morale et politique. Comme l’indique l’auteur dans son avant-propos, « les tendresses de l’amour humain y font un (…) agréable mélange avec la fermeté du divin». Conformément à la doctrine classique, la volonté d’instruire fait la part belle aux émotions que peuvent procurer le spectacle des passions humaines. Celles-ci sont exaltées de la manière la plus subtile par la rigueur morale de Polyeucte dont rien, ni la raison, ni les menaces, ni les coups, ni la tendresse, ni l’amour, n’est capable d’ébranler la constance.

C’est l’ensemble de ces enjeux, historiques, moraux, politiques et esthétiques, que je me suis attaché à traduire en mettant en scène un Polyeucte actuel : en optant pour des décors, des costumes et une scénographie dont la sobriété préserve la référence antique tout en restant en accord avec l’esprit de notre époque ; en privilégiant une diction modernisée du vers qui ne concède rien à la musicalité de l’alexandrin ; en cultivant l’émotion produite par l’exaltation des passions sans attenter à la retenue qui sied à la dignité de l’action, j’ai voulu proposer un Polyeucte qui soit à la fois strictement fidèle à l’esprit qu’a voulu lui donner son auteur et capable d’émouvoir les spectateurs d’aujourd’hui.

J’espère que ces derniers seront sensibles à l’âme d’un homme qui s’ouvre à la Révélation divine et, consumé d’amour, entraîne les autres à sa suite dans sa folie enthousiaste.

Ulysse Di Gregorio

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Johann Proust

Coline Moser

Grégory Frontier

Hugo Tejero

Jean-Daniel Bankole

Anaïs Castéran

Adrien Naisse

Benjamin Zana

« […]Polyeucte, justement joué par Justin Blanckaert, entame sa conversion au christianisme avec toutes les conséquences psychologiques et sociales qui en découlent… Entre prosélytisme et Histoire, la pièce mise en scène par Ulysse Di Gregorio est un véritable hymne à la tolérance, terriblement actuel… »

Suite de la critique sur LeBonbon.fr

« […]‘’Quel écho peut bien avoir { notre époque, le martyr d’un seigneur arménien du III siècle…’’
C’est la question qu’expose le metteur en scène Ulysse DI GREGORIO. La langue de CORNEILLE est fort belle, l’alexandrin remarquablement maîtrisé par les comédiens, la mise en scène sobre, les costumes de toute beauté, et la scénographie qui dispose sur la scène plusieurs colonnes où transparaissent de curieuses têtes sculptées, est impressionnante. »

Suite de la critique sur theatreauvent.blog.lemonde.fr

Et à écouter : l’Emission de France Culture « Un autre jour est possible » du 15 mars 2016, avec Ulysse Di Gregorio invité pour parler de sa pièce Polyeucte.

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